Après avoir observé les élections législatives, communales et provinciales qui se sont tenues du 28 au 29 décembre dernier dans les 3 656 bureaux de vote répartis à travers les 23 provinces du pays, la mission d’observation électorale du consortium a publié une déclaration préliminaire ce 31 décembre 2024.
Cette déclaration conjointe met en lumière le déroulement des campagnes et des élections. Bien que ces événements se soient déroulés dans un climat globalement apaisé, plusieurs remarques et constats ont été relevés durant et après ces périodes.
Parmi les incidents notés, on observe le déclenchement prématuré des campagnes via les réseaux sociaux, l’absence de débats substantiels entre les différentes formations politiques, ainsi qu’une mobilisation des électeurs fondée sur des critères tribaux et communautaires. La mission a également constaté que la couverture médiatique des campagnes, tant par les médias privés que publics, a été insuffisante, impactant ainsi le bon déroulement de l’élection.
Le processus de vote a été marqué par des événements préoccupants. Des tentatives de fraude ont été signalées, notamment à Moundou, ainsi que des actes de violence à l’encontre de certains candidats et électeurs. De plus, la participation des électeurs a été faible dans plusieurs régions, y compris le Mayo-Kebbi Est et Ouest, le Logone Oriental et Occidental, le Moyen Chari, le Mandoul et le Wadi Fira. Le dépouillement et l’annonce des résultats ont également été entachés d’irrégularités, avec seulement 23 % des résultats affichés dans les bureaux de vote observés. La mission d’observation électorale a dénoncé cette situation, la qualifiant de « violation des prescriptions légales et des bonnes pratiques en matière de gestion des résultats ».
Face à ces manquements, la mission d’observation électorale appelle le gouvernement à établir un cadre de dialogue politique pour apaiser les tensions sociopolitiques, à réformer le cadre juridique et institutionnel des élections, et à mener une réflexion inclusive sur le découpage administratif et électoral afin d’assurer un équilibre et une représentativité.
À l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE), il est recommandé de respecter scrupuleusement la période des campagnes, de renforcer l’éducation civique et électorale en collaboration avec les organisations de la société civile (OSC), de garantir l’affichage systématique des résultats dans les bureaux de vote, de fournir une copie des procès-verbaux des résultats à tous les délégués des partis présents, ainsi que d’initier un projet de réforme du cadre légal des élections et de refondre le fichier électoral selon les normes en vigueur.
La Haute Autorité des médias et de l’audiovisuel est également invitée à faciliter l’exercice des activités médiatiques et à améliorer la formation des acteurs du secteur.
Les partis politiques sont encouragés à recourir aux voies légales en cas de contestation des résultats pour préserver le climat sociopolitique, à renforcer l’éducation civique et électorale de leurs militants pour une participation accrue, et à améliorer leur représentation dans les bureaux de vote tout en formant leurs délégués à la surveillance du scrutin.
Enfin, la société civile est appelée à s’engager davantage dans l’éducation civique et électorale ainsi que dans l’observation des élections. Les partenaires techniques et financiers sont également invités à renforcer leur soutien aux OSC pour garantir des élections participatives, inclusives et crédibles.
Par : Issa Adoum
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