Les travailleurs de l’Office national de médias et de l’audiovisuel (ONAMA), licenciés sans “raisons fondées” en mars 2024, se retrouvent dans une situation désespérante, attendant toujours des réponses de la direction générale. Cette mesure a touché un total de 25 agents, dont 10 contractuels, parmi lesquels six étaient des délégués du personnel et quinze (15) fonctionnaires rappelés au ministère de la Communication. La décision de licenciement a été prise par la Direction Générale de l’ONAMA, sous la tutelle de l’ex-ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah. Ce dernier a exprimé par la suite des remords, déclarant : « Récemment, j’ai pris des mesures profondes pour licencier des journalistes. Cela me reste sur le cœur ! J’espère que vous reviendrez sur ça. Parce que pour moi, ce fut une erreur. Je le reconnais humblement. »
Cet aveu met en lumière le caractère contestable de la décision qui a conduit à la séparation de ces agents, lesquels n’avaient fait que revendiquer leurs droits (passifs). Faut-il le rappeler, qui date de huit (08) ans suite à la dissolution de l’ex-ONRTV. Ces passifs sont estimés à plus d’un milliard trois cent million de francs CFA (1.300.000.000). De plus, des incohérences évidentes apparaissent dans les documents justifiant ces licenciements, laissant penser qu’il s’agit d’une décision hâtive, accompagnée de motifs fabriqués de toutes pièces et soutenus par le conseil d’administration.
La décision de sanctionner les vingt-cinq (25) agent, signée par l’ex Président du Conseil d’Administration de l’ONAMA en la personne d’Abdoulaye Ngardiguina, a également entraîné la suspension des activités de la chambre des délégués par le Direction Générale de l’ONAMA et a étouffé à cet effet, le syndicat des travailleurs de l’ONAMA. Or, un conseil d’administration n’est habilité à prendre de telles mesures. Cette décision enfreint le code du travail au Tchad, comme l’a souligné l’Union des syndicats du Tchad (UST) dans une lettre datée du 14 octobre 2024 adressée au DG de l’ONAMA. L’UST a clairement indiqué que ce licenciement viole le code du travail en vigueur au Tchad, notamment le Titre I relatif aux organisations syndicales et les articles 294 et 299 de la loi N°038 du 11 décembre 1996.
Derrière cette décision, on peut percevoir une manœuvre d’intimidation visant à museler le syndicat des travailleurs, qui a pour mission de garantir de bonnes conditions de travail pour tous. Pour l’UST cette situation ressemble à une haine contre les travailleurs. Elle ajoute qu’elle ne saura tolérée la manigance de la Direction Générale de l’ONAMA pour maintenir d’avantage ces agents dans une impasse totale en confisquant arbitrairement leurs salaires (huit o8 mois) et en refusant de les réhabiliter.
Après une enquête contradictoire suite à une requête introduite par les délégués du personnel, le ministère de la Fonction publique et de la concertation sociale a également qualifié, dans un courrier daté du 24 mai 2024, les raisons avancées par la direction Générale de l’ONAMA infondées. Normalement, ces employés devraient être rétablis dans leurs droits, cependant, cette restitution semble pour l’instant illusoire. Et c’est malgré les recommandations de l’UJT, de la CNDH, de la Médiature et autres, le DG de l’ONAMA refuse de réhabiliter ces employés.
Dans cette situation d’incertitude, les employés n’ont cessé de tenter d’obtenir des réponses, mais la direction générale et son conseil d’administration demeurent silencieux. Aux dernières nouvelles, la Direction Générale de l’ONAMA et l’actuel PCA, avancent comme raison, une audite du personnel qui serait recommandée par le Conseil d’Administration. Cette raison transmise par la médiature aux délégués du personnel, est rejetée en bloc par ces derniers. Ils estiment que le DG de l’ONAMA crée des situations pour les maintenir arbitrairement dans cette situation. Les délégués précisent que l’audit du personnel de l’ONAMA est une ville recommandation du conseil de l’administration qui n’a jamais été exécuté par la Direction Générale de l’ONAMA.
La direction indique qu’elle convoquera bientôt un autre conseil pour trancher cette affaire définitivement. La question reste posée : quelles conclusions peuvent être attendues de ce conseil, et les employés pourront-ils enfin retrouver leurs droits ?
Par : Issa Adoum
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