Le Tchad est secoué par des cas de viol et de violences envers les femmes et les filles, avec de nombreux incidents signalés au cours des deux derniers mois à N’Djamena et dans certaines provinces. Parmi ces cas, l’on peut citer le viol d’une mineure pendant le Festival Dary et celui commis par un commissaire dans le 7ème arrondissement, suscitant une vive réaction des organisations de défense des droits humains, particulièrement celles consacrées aux droits des femmes. Ces maux qui compromettent le bien-être sont attribués à l’injustice et à l’impunité, générant un sentiment d’inquiétude face à la répétition de ces actes criminels. Au-delà des cas de viol, les actes de banditisme et de violence à l’égard de la population prennent également de l’ampleur.
Face à cette montée des actes dégradants, le Président de la République, le Maréchal Mahamat Idriss Deby Itno, a signé l’ordonnance N°003/PR/2025 en date du 21 janvier, qui vise à prévenir et réprimer les violences à l’égard des femmes et des filles en République du Tchad. Bien que cette initiative soit perçue comme une réponse significative à ces problèmes qui affectent profondément la vie des femmes et des filles tchadiennes, de nombreuses interrogations demeurent autour de ladite ordonnance.
Quel est l’impact de cette ordonnance sur le changement des mentalités ?
La publication de l’ordonnance 003/PR/2025, a été saluée par de nombreuses organisations de défense des droits humains. Selon les experts cet acte du gouvernement tchadien, vise non seulement à réprimer les actes de violence, mais également à initier un changement des mentalités dans une société où ces violences étaient souvent considérées comme des tabous. Cette ordonnance est ainsi perçue comme une réponse aux appels des organisations de la société civile et aux engagements internationaux du Tchad.
Les mesures répressives contenues dans ladite ordonnance, sont-elles suffisantes ?
Cependant, la question de l’efficacité des sanctions répressives énoncées dans l’ordonnance reste en suspens. Les mesures prévues, qui incluent des peines de prison de six (6) mois à trois (3) ans, sont jugées ambitieuses, mais il est essentiel de reconnaître qu’elles ne représentent pas une solution définitive. Dans les zones rurales, où l’accès à la justice est limité, la mise en œuvre de cette loi pourrait rencontrer des obstacles. De plus, le manque de sensibilisation et les normes sociales patriarcales risquent de freiner les efforts de prévention et de répression.
A qui incombe la responsabilité de la mise en œuvre de ladite ordonnance ?
Bien que l’ordonnance ait été adoptée, la responsabilité incombe l’ensemble du territoire et au gouvernement pour le suivi de sa mise en œuvre. Les défenseurs des droits humains insistent sur la nécessité de lancer des campagnes de sensibilisation pour informer la population sur les dispositions de la loi et encourager les victimes à dénoncer les abus. La formation des acteurs judiciaires, y compris des policiers et des magistrats, est également cruciale pour garantir l’application rigoureuse de la loi. De plus, la création de centres d’écoute et de structures d’accompagnement est essentielle pour soutenir les victimes.
Bien que l’ordonnance N°003/PR/2025 représente une avancée significative, elle ne suffit pas à elle seule à éradiquer les violences basées sur le genre. Cette lutte nécessite un engagement collectif accru de la part des autorités, des communautés et des partenaires au développement du Tchad.
Par : Issa Adoum
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