Tchad : Après Presque Un An, Où En Est-On Avec Les Agents De L’ONAMA Licenciés Illégalement Par Le Ministère De La Communication ?

Licenciés en mars 2024, les 25 agents de l’Office national des médias et de l’audiovisuel (ONAMA) continuent de réclamer le paiement de leurs passifs, estimés à plus d’un milliard trois cent soixante-dix millions (1370000000) de francs CFA. Cette affaire, marquée par des irrégularités, s’est déroulée sous la tutelle de l’ex-ministre de la Communication Abdramane Koulamallah. Ce dernier a exprimé des regrets après son départ, tandis que le ministère de la Fonction publique a qualifié les motifs des licenciements d’«infondés» dans une note datée du 24 mai 2024. Malgré ces éléments, la situation reste opaque, et les agents dénoncent une manœuvre pour étouffer laffaire.

Bien que la médiature de la République se soit saisie du dossier et ait ordonné la suspension des procédures judiciaires engagées par le collectif des agents, aucune avancée concrète n’a été enregistrée. Les syndicats tchadiens impliqués renvoient désormais la responsabilité au conseil d’administration de l’ONAMA, désigné comme l’instigateur principal des licenciements. Ce dernier est pourtant censé statuer définitivement sur le cas, en vue de rétablir les droits des victimes d’abus d’autorité. 

Lors d’une conférence de presse tenue le 27 février 2025, le collectif a dénoncé l’inaction persistante du conseil d’administration, malgré les directives du président de la République, les interventions de la médiature et les recours syndicaux. Les agents, toujours privés de leurs postes, expriment un profond sentiment d’injustice. 

Des témoignages poignants 

« On nous a simplement écartés. Ce qui se passe est un problème purement de manque de respect des textes de la République, cest une insubordination hiérarchique qui se pose à lONAMA, et tous ceux qui gèrent lONAMA sont dans une bulle qu’ils ont eux-mêmes créée et point n’est besoin de respecter quoi que ce soit des textes de la République », a martelé avec colère Nodjihoroum Evariste.

Mbangnodjim Ndogongar Stéphane, un autre agent licencié, s’est interrogé à son tour : « Les gens ont décidé de nous faire du mal. Et ils veulent nous voir souffrir… C’est ça la manœuvre de l’administration de l’ONAMA avec la bénédiction d’Abdramane Koulamallah pour nous sanctionner. Et après, il vient nous faire sa comédie en demandant pardon. Avant de partir, pourquoi il ne nous a pas restaurés ? » 

« Nous subissons de linjustice et nous pensons que si ce pays est un État de droit et que les textes de la République existent, ils doivent être appliqués. Sinon, on sen remet encore une fois au chef de l’État, qui est le garant de tous ces textes ratifiés. Il doit s’investir personnellement pour que ce soit résolu  », a-t-il ajouté. 

Une impasse inquiétante

Près d’un an après les faits, les espoirs s’amenuisent. Les agents, toujours exclus, dénoncent un système où l’arbitraire prend le pas sur le droit. Malgré les condamnations publiques et les promesses institutionnelles, l’affaire semble progressivement tomber dans l’oubli, alimentant les craintes d’une culture d’impunité au sein des structures étatiques tchadiennes.

La balle est désormais dans le camp du conseil d’administration de l’ONAMA, dont la prochaine décision pourrait soit rétablir un semblant de justice… soit confirmer un inquiétant précédent.

Par : Issa Adoum