Sarh : Imbroglio Administratif Autour Des Parades Des Initiés

Sarh, capitale du Moyen-Chari, l’opinion publique est secouée depuis 48 heures par un imbroglio administratif inédit. Deux décisions contradictoires, prises à un jour d’intervalle au sommet du département du Barh-Koh, ont révélé une faille de gouvernance qui interroge sur la discipline et la hiérarchie au sein de l’administration territoriale.

Le 04 septembre 2025, une note circulaire numéro 63, signée par le Secrétaire Général du département du Barh-Koh, Ngomsembaye Allahoguina, interdisait catégoriquement les parades des initiés dans la ville de Sarh. L’argument avancé par le SG était que la présence massive de nouveaux initiés pourrait générer “un climat d’insécurité” et alimenter “une psychose généralisée au sein de la population”. Mais quelle est la véritable intention dudit SG départemental, étant donné que cette pratique existait depuis toujours dans cette partie du pays, considérée comme le centre des traditions ? La directive avait surpris plus d’un Sarois, suscitant des réactions sur la toile, touchant directement aux traditions séculaires et profondément ancrées de la région.

À peine 24 heures plus tard, ce 05 septembre 2025, le Préfet du département, Oumar Ali Nanina, a publié un arrêté numéro 07 annulant purement et simplement la décision de son Secrétaire Général. Dans son texte, le Préfet précise que la circulaire interdisant les parades est “annulée dans toutes ses formes”.

Cette volte-face administrative illustre une faille profonde. Comment un Secrétaire Général a-t-il pu s’autoriser à signer un acte aussi sensible sans l’aval de son supérieur hiérarchique ? Dans les faits, le SG n’a qu’un rôle technique de coordination et de suivi administratif. Or, il s’est hasardé à prendre une décision politique et culturelle lourde de conséquences, touchant directement à l’identité et aux valeurs de la communauté locale.

L’affaire met en lumière un problème plus profond, celui de la confusion des rôles et du manque de rigueur dans le respect de la hiérarchie administrative. Car en agissant de la sorte, le SG a non seulement fragilisé l’autorité du Préfet, mais a aussi jeté le discrédit sur l’institution préfectorale tout entière.

En attendant, ce cafouillage a déjà marqué les esprits. Dans une région où les pratiques initiatiques sont considérées comme sacrées, la légèreté avec laquelle le SG a traité le sujet restera comme un épisode embarrassant, rappelant l’impérieuse nécessité de discipline, de prudence et de respect des valeurs locales dans la gestion des affaires publiques.

Aujourd’hui, la grande interrogation qui reste est : quelles sanctions encourt un Secrétaire Général qui outrepasse ainsi ses prérogatives ?

Par : Issa Adoum