Quelques mois après l’arrivée du géant américain de l’internet satellitaire Starlink au Tchad, l’enthousiasme des premiers abonnés semble déjà refroidir. Présenté comme une révolution technologique capable de libérer les internautes des lenteurs et tracasseries des opérateurs locaux, le service se heurte désormais à un cadre réglementaire jugé contraignant, rendu public le 28 août 2025 par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP).
L’arrêté N°31/PR/PM/MTENDA/SG/ARCEP/DG/2025 fixe des conditions strictes d’enregistrement pour tous les utilisateurs de Starlink, qu’ils soient particuliers ou entreprises. Les nouvelles obligations sont les suivantes :
Pour les particuliers :
– Nom et prénom complet- Numéro national d’identification (NNI)
– Adresse complète de résidence- Numéro de téléphone actif
– Copie conforme d’une pièce d’identité valide
– Numéro de série du terminal Starlink
– Adresse électronique utilisée pour l’activation du compte
Pour les entreprises :
– Dénomination officielle et sigle- Forme juridique et références de création
– Siège administratif et adresse complète- Nom, prénom, acte de désignation et qualité du représentant légal
– Liste des terminaux Starlink avec numéros de série
– Adresse électronique liée à l’activation du service.
Une Inquiétude Croissante Autour Des Données Personnelles
Au-delà de l’aspect administratif, c’est surtout la collecte et la conservation des données qui suscitent de vives réactions. Le gouvernement prévoit en effet de stocker ces informations pendant 24 mois, une mesure que beaucoup jugent intrusive.
Les internautes n’ont pas tardé à exprimer leurs inquiétudes : « Pourquoi cette politique de conservation des données ? » s’est interrogé un citoyen. « La décision du gouvernement de garder les données des utilisateurs pendant 24 mois est inquiétante. Cela touche la vie privée et la liberté d’expression. Les citoyens peuvent être surveillés et leurs informations utilisées pour la politique. Il faut un équilibre entre la sécurité et les droits des gens, avec des règles claires, pour protéger les données et montrer comment elles sont utilisées », a déclaré un internaute.
« Le gouvernement ne pouvait évidemment pas nous laisser profiter tranquillement de Starlink. Très vite, ils se sont rendu compte qu’ils n’avaient aucun contrôle sur ce réseau, et comme ils ne savaient pas nous surveiller directement, leur solution est de forcer Starlink à leur donner accès aux données des utilisateurs », enchaîne un autre internaute furieux.
Des Moyens Techniques Suffisants ?
Au-delà du débat sur la vie privée, certains se demandent si le Tchad dispose réellement des infrastructures nécessaires pour héberger et sécuriser ces données sensibles. Sans moyens techniques solides, cette réglementation pourrait s’avérer difficile à mettre en œuvre, voire contre-productive.
L’arrivée de Starlink devait incarner une promesse : celle d’un internet plus rapide, plus fiable et plus accessible. Mais face à une réglementation perçue comme intrusive, l’enthousiasme initial laisse place à la méfiance. Entre innovation technologique et volonté de contrôle, un équilibre délicat reste à trouver pour garantir à la fois la sécurité nationale et les libertés individuelles.
Par : Issa Adoum

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