Récemment, le Conseil National de Lutte Contre le Sida (CNLS) a rendu publique la situation épidémiologique du VIH/SIDA au Tchad. Les données présentées révèlent que, malgré certaines avancées dans les stratégies de riposte, la situation sur le terrain reste préoccupante.
Situation épidémiologique en 2024
Selon les chiffres compilés, le Tchad compte en 2024 plus de 120 000 personnes vivant avec le VIH (PVV). Le nombre de nouvelles contaminations s’élève à 4 300 cas, ce qui porte le total à 124 300 PVV. La répartition par catégorie est la suivante :
- Femmes de 15 ans et plus : 70 900 (56,58 %)
- Hommes de 15 ans et plus : 41 000 (32,98 %)
- Enfants de 0 à 14 ans : 12 300 (10,44 %)
Le nombre de décès enregistrés en 2024 est de 3 500, dont :
- 1 400 femmes de 15 ans et plus (40 %)
- 1 230 hommes de 15 ans et plus (35,14 %)
- 870 enfants de 0 à 14 ans (24,85 %)
Historique d’évolution des PVV et des décès de 2014-2024
Les données historiques montrent des tendances contrastées :
- 2014-2015 : plus de 210 000 PVV, un pic inquiétant.
- 2016-2019 : baisse notable, avec 115 800 en 2016-2017 puis 110 000 en 2018-2019.
- 2020-2022 : stabilisation autour de 110 000 – 120 000.
- 2023 : flambée à 124 000 PVV, le niveau le plus élevé depuis 2014.
- 2024 : légère baisse à 120 000.
Concernant les décès, l’année 2023 constitue un tournant dramatique : 12 000 décès, soit une hausse sans précédent, suivie d’une diminution à 3 500 en 2024, un chiffre néanmoins supérieur à ceux enregistrés avant 2023.
Corrélation inquiétante en 2023
L’année 2023 illustre une relation alarmante : l’augmentation du nombre de PVV (124 000) a été concomitante avec une explosion du nombre de décès (12 000). Cette corrélation pourrait refléter une défaillance majeure dans la prise en charge, une rupture d’accès aux soins ou encore des facteurs aggravants liés à la vulnérabilité sanitaire et sociale des patients.
Des défis importants à relever
Pour le Secrétaire Exécutif du CNLS, Dr Abbas Moustapha, avec 4 300 cas des nouvelles contaminations, le challenge n’est pas encore gagné. Plusieurs défis persistent :
- Assurer des campagnes sur la gratuité des antirétroviraux (ARV) ;
- Lutter contre le déni de la maladie ;
- Renforcer la prise en charge pédiatrique des enfants nés de mères infectées ;
- Accélérer les stratégies de suppression virale ;
- Améliorer l’accès aux soins pour toutes les personnes vivant avec le VIH/SIDA.
Ces chiffres traduisent une situation encore fragile, où chaque progrès est contrebalancé par de nouveaux défis. Le Tchad doit intensifier ses efforts pour inverser durablement la tendance.
Par : Issa Adoum
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