A La Découverte D’un Jeune Historien Promoteur D’Un Centre Archéologique Et Touristique A Pala, Dans Le Mayo-Kebbi Ouest.

Titulaire d’un master II en histoire, Ledmi Tawa a su appliquer ses connaissances pour se lancer dans l’entreprendre. Il est créateur d’un centre qui fonctionne en tant que groupement nommé Groupement des Arts et Valorisations des Objets Sa communauté le considère comme un sauveur, un géni ou une personne exceptionnelle en raison de son engagement à valoriser les objets historiques et à revitaliser les anciennes cultures et pratiques. Comme tout jeune ambitieux, Ledmi a réussi à établir un lien entre l’histoire et l’entrepreneuriat. Nous l’avons rencontré lors d’une promenade au Festival Dary et avons eu l’occasion de discuter avec le ‘’géni’’ au sujet du développement de son centre archéologique et touristique ainsi que sa vision.

Tchad View Média : Quelles sont vos motivations en créant le centre archéologique et touristique ?

Ledmi Tawa : Ma formation de base m’a permis de mieux comprendre les réalités basiques liées à l’histoire, à l’archéologie, à l’anthropologie, à la sociologie, tout ceci m’a motivé de comprendre les faits réels à travers les outils dont les grands-parents ont façonné par leur savoir-faire. De nos jours il faudrait aussi pencher ce savoir-faire dans l’entrepreneuriat. Historien que je suis, je ne dois pas sortir en dehors de ma formation et je me suis lancé dans le tourisme. C’est la raison pour laquelle j’ai créé un site touristique à Pala Houa pour sauver les objets d’art archéologique en voie de disparition. Quand vous observez dans le Mayo-Kebbi Ouest il y assez des traces, des artéfacts, des activités, des outils ou des œuvres humaines.

Dans nos stands nous avons l’âge de pierre taillée qui présente la préhistoire, l’âge de pierre polie, qui est le néolithique. Dans ce festival où nous participons, nous avons apporté quelques éléments et outils issus de l’âge du fer à savoir : la loupe du fer, les lingots du fer, les minerais du fer, les matériels de protohistoire, qui renferment en eux-mêmes les questions basiques liées à la connaissance du fer.

Ce qui nous a motivés, c’est valoriser la culture au-delà de manifestation immatérielle en la matérialisant. C’est l’opportunité pour nous, à travers nos formations de base, de collecter les objets qui sont en voie de disparition qui sont rares, de les protéger et de les valoriser et mettre à la disposition des scientifiques, des touristes des espaces de retrouvailles tels que le Festival Dary, ou de festivals internationaux où nous pouvons très bien participer également.

TVM : Au-delà de vouloir mettre à la disposition des touristes et scientifiques les objets historiques ou de l’archéologie, qu’est-ce que le centre fait pour attirer la nouvelle  génération vers ces vérités historiques ?

Ledmi Tawa : Nos objectifs, nous sommes entrain de valoriser les maisons en argiles. Nous interpellons la communauté à revenir à la base, à s’intéresser à la question réelle de nos cultures en matière de construction. Il y a les techniques de construction des hauts fourneaux par exemple que nous disposons aux jeunes, mettre l’accent sur la connaissance des techniques de transformation des outils. La jeunesse peut se mettre au travail pour la créer des bracelets,  ou d’autres outils liés à l’histoire. Cela va nécessiter des grands moyens, des formations, des moyens financiers,  techniques et moraux. C’est pour attirer non seulement des touristes, mais des jeunes et les étudiants qui doivent aller de temps en temps découvrir les réalités de chez nous. Sans cela nous sommes perdus, puisque l’histoire fait partie de nos réalités.

Nos réalités sont la culture, et l’homme sans la culture, il est sans âme. Il faudrait donc être proche de sa culture. Derrière la culture il y a la paix, derrière la paix il y a le développement.

TVM : Quelles sont les difficultés que le centre connait ? Les jeunes s’y intéressent-ils ?

Ledmi Tawa : Les premières difficultés, c’est de viabiliser ce centre, le rendre visible. Nous avons commencé avec la construction artisanale. Nos équipements sont beaucoup plus artisanaux et cela demande des moyens humains, techniques, matériels et surtout financiers. Nous ne sommes pas arrivés au bout de notre vision. Nous avons encore beaucoup de défis. Nous n’avons pas de lumière, des accessoires techniques, tels que les outils de l’informatique. Tout cela fait appelle à nos différents services pour accompagner tous les touristes, les chercheurs et les enseignants qui viendront pour faire des recherches, il faudrait de structures d’accueil, des hangars avec des accessoires. Sinon nous avons faits de grands efforts en construisant l’endroit et nous avons des outils. Mais il faudrait aller au-delà de cela pour que ce centre soit vraiment un grand centre qui va donc accueillir non seulement des touristes locaux, mais les touristes internationaux, des chercheurs et pourquoi pas faire de valeur ajoutée, des sites touristiques dans la République du Tchad. L’ère nous interpelle à la réalité culturelle qui doit donc nous interpeller au-delà de nos frontières. Les limites sont basées beaucoup plus sur l’accompagnement. Il faudrait qu’on soit accompagné dans nos objectifs qu’ils soient globaux ou généraux, cela va nous aider à accomplir notre mission voulue. Notre souhait est de rendre ce site accessible 24H/24H pour les touristes, pour les chercheurs, pour la communauté, pour la jeunesse, pour les étrangers, et pour nous-mêmes. Puisque nous devons apprendre beaucoup de choses : le traitement des objets, le classement, des formations. Cela va réduire aussi le taux de chômage, puisque nous allons faire appel à nos jeunes frères qui doivent nous approcher pour qu’on travaille ensemble. Ce serait un exemple pour nous d’interpeller d’autres jeunes à se lancer dans certaines activités liées à leur formation de base, pour ne pas attendre seulement l’intégration. Il faudrait se mettre sur le terrain pour travailler et réduire cette attente de bureaucratie et créer son propre bureau.

TVM : Quel est l’impact dudit centre dans la localité, sur les communautés et les jeunes bien qu’il soit à ses premiers ?

Ledmi Tawa : Le centre dans ses premiers pas, a déjà des impacts positifs. Les étudiants de l’université de Pala commencent déjà à visiter le centre pour leurs travaux. Il y a des chercheurs qui quittent N’Djamena pour leurs recherches. Ils arrivent et ils sont satisfaits puisqu’ils trouvent des éléments qui contribuent à leur travail, des choses qu’ils en ont besoin.

Au niveau local, la communauté est très contente du fait que nous sommes entrain de revaloriser tout ce qui a été abandonné. Pour certains je suis sauveurs, d’autres géni ou une personne extraordinaire. Pour eux ce sont des choses oubliées, mais comment je suis revenu sur ça. Pourtant c’est ma formation de base qui m’a poussé à sortir de mes coquilles pour donc collecter et puis créer de groupement et ouvrir la porte au tourisme, à la culture. Cela me pousse davantage à réaliser.

TVM : Quelle est la participation de votre centre dans la recollection des objets historiques ?

Ledmi Tawa : Participation de notre groupement au-delà de la valeur ajoutée, pour moi rien n’est tombé, tout est provoqué. Tout a été provoqué de manière scientifique. Nous avons un privilège d’avoir une base en matière de recherches archéologiques. Etant historiens nous avons découvert des pierres taillées qui sont donc des outils de la préhistoire. Ils datent du Paléolithique. Cela relève de beaucoup de moyen pour ceux qui vont sur le terrain pour les cherches, mais nous, nous avons  fait avec peu de moyens et on en a trouvé. C’est pourquoi à l’occasion du festival Dary, on a apporté les objets, les pierres taillées. Au-delà de ces outils nous avons également des objets qui datent de Néolithiques, les pierres polies. On en a assez et les archéologues en ont témoigné puisqu’ils ont fait des recherches dans notre centre. Notre centre n’est pas seulement un centre construit et laissé vierge. Il est représenté par les éléments réels de notre habitation. Nous sommes entrain de valoriser et présenter notre habitation dans son sens réel écologique. Nous utilisons des terres, la paille et l’argile. Les activités en argile nécessitent de l’entretien nous avons sollicité des techniciens qui font déjà un travail de qualité. Notre centre dispose de l’espace, l’environnement montre que c’est touristique, mais quand vous arrivez à l’intérieur vous trouverez des objets, les pierres taillées, polies, liés au fer, les indices de contact avec l’homme blanc, les monnaies européennes qui datent de 1900. Ce centre est comme un village touristique, un musée.

TVM : Quels messages avez-vous à l’endroit des jeunes qui ont une formation dans un de ces domaines et au gouvernement Tchadien ou au ministère en charge de la culture et du tourisme ?

Ledmi Tawa : Déjà le message que je lance à tous les historiens c’est de ne pas étudier et rester pour attendre l’intégration. Il faut multiplier sa connaissance à travers de stages, il faut créer des initiatives tendant vers es activités culturelles, touristiques, archéologiques, renforcer davantage sa formation théorique à la pratique. Faudrait que la jeunesse s’intéressent à la créativité suite à la formation de base, ils peuvent sortir de leurs coquilles pour initier des choses pour relever les limites.

Au gouvernement d’accompagner les jeunes résilients, qui commencent à mener les initiatives concrètes, qui créent des centres touristiques comme nous. Il faut déjà nous accompagner moralement, financièrement, techniquement. Cela va concourir au bien-être de nos initiatives. Nous appelons les institutions comme UNESCO de s’intéresser à nos structures, aux provinces, aux jeunes comme nous.  Cela va nous ouvrir des portes, motiver les jeunes initier ou nous amener à faire davantage.

Nous lançons un appel au Président de la République, à travers le Ministère de la culture de sauver les jeunes qui initient dans les domaines culturels. Il y a des trésors qui se cachent dans le Mayo-Kebbi. Nous n’allons pas baisser les bras, nous sommes très résilients, très engagés et nous attendons le soutien de ces personnes.

Réalisation : Issa Adoum