L’Union des Syndicats Du Tchad Ouvre Son 8e Congrès Sous Le Signe Du Dialogue Social Et Du Travail Décent

L’Union des Syndicats du Tchad (UST) a officiellement ouvert, ce mercredi 15 octobre 2025, les travaux de son 8ᵉ Congrès dans les locaux du ministère des Affaires étrangères. Ce rendez-vous réunit les différents syndicats du pays autour des questions liées aux conditions de travail, aux défis actuels et aux perspectives du mouvement syndical tchadien. Étaient présents à cette assise plusieurs organisations régionales et internationales, notamment l’Organisation syndicale des travailleurs de l’Afrique centrale (OSTAC), l’Union des Syndicats Africains (UniSA), la Confédération syndicale internationale (CSI-Monde) et CSI-Afrique.

Dans son allocution d’ouverture, le secrétaire général de l’Union des Syndicats Africains (UniSA), Aristide, a dénoncé les conditions précaires dans lesquelles exercent de nombreux travailleurs africains. Il a insisté sur l’importance du dialogue social et la responsabilité des dirigeants à garantir des conditions dignes. « Un regard nouveau sur le dialogue social signifie l’existence de la volonté politique. Dans le contexte actuel que nous traversons, le travail décent est un droit fondamental. Aujourd’hui encore, des millions de travailleurs africains, en particulier les jeunes et les femmes, vivent dans la précarité, le travail informel, l’exploitation. Cela est inacceptable », a-t-il déclaré.

S’exprimant au nom de la Confédération syndicale internationale (CSI-Afrique), Amoussou a, pour sa part, souligné les multiples défis auxquels le continent africain fait face. « Aujourd’hui, alors que notre continent est confronté à des défis complexes : précarité de l’emploi, montée des inégalités, crises économiques et climatiques, un autre défi majeur s’impose à nous tous : celui de la paix et de la sécurité. Ces situations fragilisent les sociétés, désorganisent les économies et compromettent les droits fondamentaux des travailleurs. Il n’y a pas de travail décent sans sécurité, pas de justice sociale sans stabilité, pas de développement durable sans cohésion nationale », a-t-il affirmé.

Le président de l’Union des Syndicats du Tchad, Barka Michel, a quant à lui dénoncé les entraves aux activités syndicales et le non-respect fréquent des clauses sociales dans plusieurs ministères et entreprises. « Certains ministres ont bien entretenu le dialogue avec les syndicats, d’autres, par contre, n’ont aucune considération pour leurs travailleurs, allant jusqu’à interdire à leurs agents d’organiser des élections pour les délégués du personnel. Certains travailleurs, à la fin de leur carrière, sont jetés dans la rue sans la moindre pension, parce que le chef d’entreprise n’a pas pris la peine de verser les cotisations sociales à la CNPS », a-t-il regretté.Il a également dénoncé les lenteurs administratives et judiciaires auxquelles font face les travailleurs victimes de ces injustices, « Lorsque le travailleur concerné se rend à l’inspection du travail, il est balloté çà et là avant d’être envoyé au tribunal du travail, que nous considérons comme le cimetière des contractuels. Certains camarades attendent pendant plus de dix ans leur pension et finissent par mourir. Notre administration et notre justice sont loin de se préoccuper réellement des problèmes des travailleurs. »

Abordant la question du chômage des jeunes, Barka Michel a tiré la sonnette d’alarme, « Nous n’avons jamais manqué d’attirer l’attention du gouvernement sur cette situation qui perdure et qui risque de compromettre l’avenir des jeunes, qui attendent par milliers leur intégration dans le monde du travail. En 2022, un recensement réalisé par l’Association des diplômés sans emploi a identifié 80 000 jeunes détenteurs de diplômes professionnels et universitaires. Le gouvernement et ses partenaires doivent se pencher sérieusement sur cette situation. »

Représentant le ministère de la Fonction publique, le secrétaire général Baba Laye a, pour sa part, réaffirmé la volonté du gouvernement de répondre aux préoccupations exprimées par les organisations syndicales. « Nous avons besoin de vos propositions concrètes et éclairées pour bâtir un cadre qui réponde aux défis actuels et futurs du monde du travail. Soyez rassurés, Mesdames et Messieurs, que toutes les questions pertinentes soulevées par le président de l’UST dans son discours, qu’elles concernent les conditions de travail, la grille salariale, la sécurité sociale, la retraite ou toute autre préoccupation syndicale, trouveront des réponses et seront traitées avec la plus grande attention dans le cadre des négociations qui vont démarrer dans les prochains jours », a-t-il déclaré.

Le secrétaire général a enfin précisé que le gouvernement est prêt et déterminé à engager un dialogue constructif avec les partenaires sociaux.

La Rédaction